COMPILASEB 06 – de Bruxelles
Amis mélomanes, Bonjour
Et bien moi, je suis le petit dernier de la bande des compilateurs, le compilateur saintgillo-bruxellois. Je compile en effet à Bruxelles depuis deux ans via les Compilaseb. 10 unités à mon actif, la dernière sort tout juste de presse. Mais aujourd’hui, c’est à la compil n°6 que je souhaiterais vous initier. Nul doute, c’est du solide, du tranchant, du carré. Black de black… du Funk, de la Soul toutes guitares wawa et rythmes syncopés dehors. Suivez le guide….
1.Gil Scott-Heron – « The Revolution will not be televised » 3.20
2.Ike & Tina Turner – « Bold Soul Sister » 2.34
3.Grace Jones – « Pull up to the bumper » 3.40
4.Interlude I – Cypress Hill – « Lock down » 1.16
5.Fun Lovin Criminals – »Microphone Fiend » 5.32
6.O’ Jays – « For the love of Money » 3.42
7.The Jackson Sisters – « I believe in miracles » 4.58
8.Interlude II – Dj Nu-Mark & Pomo – « The way I think » 0.39
9.The Otis and Carla Band – « Tramp » 2.31
10.Wilton Felder – « Bullit » 3.05
11.Les McCann & Eddie Harris – « Compared to what » 8.34
12.Carleen and the Groovers – « Can we rap » 2.17
13.Lord Finesse Vs. Percy P. – « The Rematch » 4.39
14.Razhel – « Beat box session 2 » 2.13
15.Interlude III – The Beatnuts – « Rock N’ Roll » 0.25
16.Young MC – « Know How » 3.56
17.RJD2 – « Good Times Roll Pt. 2 » 4.55
18.Link Wray and his Ray men – « Rumble » 2.26
19.Alpha – « Sometime later » 6.34
“The Revolution will not be Televised” du Grand Gil Scott-Heron – Il s’agit d’une version dépouillée de ce titre qui sera ultérieurement mis en musique sur l’album Pieces of a Man. Ici, Gil-Scott est uniquement accompagné de quelques percussions. C’est donc moins de musique que de poésie dont il est question ici. Chroniqueur de la société américaine des années 70, Gil Scott Heron aidait également les gamins des ghettos de Washington à parler de leur quotidien en les initiant à l’écriture créative. Respect !
“Bold Soul Sister“ de Ike et Tina Turner – Morceau étonnement peu connu du couple terrible du Rythm’n Blues. La guitare d’Albert Collins et …les rugissements de Tina… de la bombe je vous dis, de la bombe !
“Pull up to the Bumper“ de Grace Jones – Ca flair bon les années 80, le Chelsea hotel, les soirées Loft dans le Bowery et les vernissages de Jean-Michel Basquiat. C’était bien entendu avant sa prestation dans Conan le Barbare et son idylle avec Roger Moore alias 007. Il y a une semaine, le CBGB (de son nom complet CBGB & OMFUG pour Country, Bluegrass, and Blues and Other Music For Uplifting Gormandizers), mythique club new-yorkais qui vit défiler la crème de la scène rock underground a définitivement fermé ses portes après trente-trois années de bons et loyaux services.
“Lock down“ de Cypress Hill – Ici, pas de prosélytisme pour les cigarettes qui font rire. Non, les hommes du cyprès nous déroulent juste une boucle lascive d’une minute seize secondes. Il fait moite…
‘’Microphone Fiend’’ des Fun Lovin Criminals – Connaissez-vous la version originale d’Eric B. & Rakim ? Non ? Elle vous sera proposée d’ici quelques semaines. Le morceau initial est excellent mais la reprise ne manque pas de classe. Des basses surpuissantes, un riff de guitare acéré et la voix enfumée de Huey. Vous voilà déambulant dans le Lower East Side.
“For the love of Money” des O’Jays – Un pur produit Philly Soul… Ecoutez cette production toute en rondeur signée des metteurs en son Gamble & Huff. Mais c’est surtout la ligne de basse qui est épatante. Celle-ci sera samplée, au début des années 90, par Queen Latifah sur une reprise présente sur la B.O. de New Jack City… dope, chaînes en or et Ice T période New Jack Hustler.
‘’I Believe in Miracles’’ des Jackson Sisters – Non, il ne s’agit pas des sœurs de Michael. La famille Jackson est fort nombreuse et riche de talents mais ces demoiselles n’en font pas partie. Une compilation de leurs œuvres a récemment été rééditée sur l’album I believe in Miracles : a Collection (Spectrum/Universal). Je ne sais pas ce que valent les autres titres mais ce morceau dans sa version Queens Size est épatant.
“The way I think” – Un petit interlude glané sur l’album Blend Crafters de Dj Nu-Mark & Pomo. Mais qui est donc le vieil homme qui nous parle ? S’agit-il du batteur des JB’s ou celui des Funkbrothers ? Certainement un vieux sorcier des rythmiques soul.
“Tramp“ du Otis and Carla Band – Ca vient de Memphis et c’est signé chez Stax. Par Otis et Carla, on entend bien évidemment Otis Redding et Carla Thomas qui collaborèrent en 1967. Vous ne les entendrez pas car il s’agit ici de la version instrumentale…une rythmique et des cuivres certifiés 100% Southern Soul maintes fois samplés depuis.
’’Bullit ’’ de Wilton Felder – Le saxophoniste des Crusaders rend ici hommage à Lalo Schifrin en interprétant le titre générique de Bullit (vous connaissez, le film avec Steve McQueen et la mythique poursuite de voitures sur les collines de San Francisco). J’adore l’original, la reprise est pas mal non plus. Jugez vous-même.
’’Compared to What’’ de Les McCann & Eddie Harris – Nous sommes en 1969 à la soirée de clôture du festival de Jazz de Montreux. Le saxophoniste Eddie Harris et le trompettiste Benny Bailey rejoignent inopinément sur scène le pianiste et chanteur Les McCann et son trio. Pour la petite histoire, cette rencontre n’était pas planifiée. Avant ce soir là, les musiciens n’avaient jamais joué ensemble, ils n’avaient pas eu l’occasion de répéter et ne disposaient d’aucune partition. Au final, ce morceau fit un tabac et l’album «Swiss movement» tiré de cette soirée miraculeusement enregistrée devint l’étalon en terme de concert de soul-jazz torride. L’entrée en jeu de Benny Bailey au début de la quatrième minute me fait toujours autant vibrer.
“Can We Rap“ de Carleen and the Groovers – Non, il ne s’agit pas de James Brown officiant sous un nom d’emprunt. Le grain et les inflexions de la voix sont furieusement semblables mais le chanteur se nomme Clary Butler. Quant à Carleen, elle pilonne les fûts de sa batterie avec un groove de feu de dieu. Pour enflammer la piste de danse…
“The Rematch“ de Lord Finesse et Percy P. – Le morceau est issu d’une compil “Journey to The Centre of Beats“ (Label Antidote). Je pense avoir essentiellement fondu pour les scratchs et le sample de James Brown. Quel jeu de batterie, quel son, quel touché…Waouuw
“Beat box session 2“ de Razhel – Au débarras les platines et la boîte à rythmes…Razhel va vous faire ça et plus encore. Razhel est le pape du human beat box (percussion vocale). Cet homme, également surnommé The Godfather of Noyze sait tout faire avec la bouche…tout je vous dis. Il manque, selon moi, beaucoup à ses camarades de The Roots… Razhel en solo, pour ou contre ?
“Rock N’Roll“ de The Beatnuts – Nouvel interlude. Un petit riff de 25 secondes, ni plus, ni moins.
“Know How“ de Young MC – Construit autour d’un riff de guitare reconnaissable entre tous, ce titre est une bien belle découverte. Merci aux compilations Solidsteel de nous proposer d’aussi jolis programmes.
“Good Times Roll Pt. 2“ de RJD2 – C’est festif et ça claque bien. A l’origine RJD2 (Ramble John Krohn de son vrai nom) est DJ et producteur de Hiphop mais c’est surtout un créateur d’ambiance hors pair doté d’un vrai don pour le collage sonore. Ecoutez plutôt.
“Rumble“ de Link Wray and his Ray men – A ce que j’ai pu lire, ce morceau instrumental qui date de 1958 aurait été jugé trop “explicite“ et censuré par les radios de l’époque. Il est vrai que Rumble pose un climat angoissant qui ne déplairait pas à un David Lynch, grand adepte des guitares au son énorme (écoutez son album BlueBob). C’est entre autre à Link Wray que l’on doit la paternité de la guitare fuzz (saturation du son) qu’il aurait obtenu en trouant accidentellement le haut parleur de son ampli. C’était pour la petite histoire.
“Sometime later” d’Alpha – J’ai pour habitude de conclure mes compils par une plage de calme, de luxe et de volupté. Ce titre aérien d’Alpha fera parfaitement l’affaire. Ces musiciens originaires de Bristol ont du goût côté sampling….sont entre autres conviés Burt Bacharach, Michel Legrand, Francis Lai ou Herb Alpert… que du beau monde. C’est léger et moelleux…je ferai bien une petite sieste moi.
Ciao
Seb
C’est marrant, quand je pense CBGB, je vois plutot Television, Patti Smith et les Ramones. Et quand je pense Grace Jones, je vois plutot Mondino et la BX.
Ils parlaient pas d’elle dans « Please kill me » de Legs McNeil & Gillian McCain (montage d’interviews des protagonistes du Punk américain – traduit cette année en français – ouvrage que je vous recommande), c’est donc une sacrée info que tu nous donnes-là, Seb le Belge !
Bonjour Jaywhy,
Merci pour ce premier commentaire…c’est bien chouette les commentaires ! Bon, soyons clairs. Il s’agissait moins d’associer Miss Jones au CBGB (elle n’y a selon moi jamais chanté…sans doute y a t-elle passé quelques nuits festives…c’est plausible ça) que d’évoquer la disparition récente d’un haut lieu de la vie nocturne et musicale du NY des années 70 et 80. Merci pour la référence. Bien à toi. Seb
salut Seb le Belge (un vrai nom à la Audiard !)
C’est dommage, j’imaginais déjà Grace Jones toute bourrée au bar en compagnie de Blondie, Dee Dee Ramone et Lester Bangs. Puisqu’on en parle de Lester, je recommande vivement sa biographie qui vient de sortir chez Tristam, et qui met bien en perspective les 2 recueils de ses chroniques et autres textes sortis ces derniers temps chez le même éditeur (notamment un article superbe sur le 2è album des stooges ; j’ai jamais rien lu de mieux en écriture sur le rock).
Et pour le CBGB, les inrocks de cette semaine en parlent, et nous apprennent qu’une série de concerts-hommage s’y est tenue jusqu’au 16 octobre, date de la fermeture définitive du lieu, et veille de mes 30 ans. Si ça c’est pas un signe…
Allez un dernier, pour la forme : « gabba gabba yeah ! ».