Country Trash
J’en ai eu ma claque de la grosse pomme. Le bruit, les gens, je me fais vieux pour tout ça. Ça me trottait dans la tête depuis un moment, et j’ai fini par le faire. Je suis allé faire un tour au vert. Oh, pas loin : juste assez pour pouvoir dire bonjour à un arbre le matin en me levant, plutôt qu’à une benne à ordures. Je me suis installé. La campagne c’est pas cher.
Assez vite j’ai trouvé un boulot, régulier, modeste, exactement ce qu’il me fallait. Le week-end, je restais là, devant ma maison, sans rien faire d’autre que regarder les feuilles mortes se balader dans le vent. J’ai trouvé ça reposant, et je me suis mis à penser à mes ancêtres, les vieux de mes vieux : certains d’entre eux venaient de là, et même de plus loin.
Et puis rapidement, j’ai eu la bougeotte, je me suis senti coincé dans mon petit train-train ; j’ai jamais été fait pour ça. J’ai repris la route, tranquillement, poursuivant ma vagabonde exploration de ce terrain de jeu qui s’étendait devant moi, vaste et calme. C’était chouette, je me sentais plutôt bien. La liberté, quoi.
J’ai finit par m’arrêter à nouveau, dans un coin peinard. Rien à faire d’autre de mes journées qu’à fumer et jouer de la musique comme un troubadour. Par moments, mes tics de vieux keupon me sont revenus, mais je les calmais en tirant une late. Au bout d’un moment, je frôlais l’ennui ; une chose en entraînant une autre, j’ai frôlé la dépression nerveuse. Toute cette tranquillité me foutais les nerfs en pelote, à tel point que je suis reparti, encore. Toujours vers le couchant, vu que j’ai jamais été du matin.
Mais bon, je suis pas du genre à me laisser abattre par des considérations existentielles, alors sur le chemin, j’ai activement cherché ce qui me manquait : les filles, je les aime jeunes et gracieuses comme des biches. Malheureusement, je suis tombé sur une coriace, qui a réussi là où des plus expérimentées, à priori plus redoutables, avaient échoué : elle a brisé mon vieux cœur de ferraille, et pour de bon. J’ai rien trouvé de mieux que de noyer ça vite fait bien fait dans une double dose de houblon. Cul sec.
Après ça, il ne me restait plus qu’à m’exiler, toujours plus loin, dans la nature sauvage et les bleds paumés. C’est là que, au détour d’un chemin, pas loin d’un tripot crasseux, je me suis fait un pote, un vrai. Du genre avec lequel, à l’adolescence, on fait les pires conneries. Eh bien là, j’étais un adolescent à nouveau. Je suis redevenu ce que j’étais, et que j’avais tenté d’oublier : un hors-la-loi, un enragé, un casseur de flics. J’ai retrouvé, dans un autre décor, mon élément naturel.
Je suis enfin devenu un country trash.
1.Karen Dalton – Are You Leaving For The Country
2.The Band – King Harvest (has surely come)
3.Doc Boggs – Country Blues
4.Palace Music – More Brother Rides
5.Holly Golightly – Walk A Mile
6.John Prine – Illegal Smile
7.The Fall – White Line Fever
8.Giant Sand – Dusted
9.Leon Pinson – Motherless Child
10.Muddy Waters – Good Morning Little School Girl
11.Gram Parsons – Cry One More Time
12.Chris Smither – Blues In The Bottle
13.Jesse Sykes – Drinking With Stangers
14.L’Attirail – Tarantula On The Big Toe
15.Townes Van Zandt – Poncho & Lefty
16.Neil Young – Revolution Blues
17.Terry Allen – There Oughta Be A Law Against Southern California
Bonus
18. Johnny Cash – Country Trash
Sympa le Doc du 3ème titre. Je me voyais déjà en salopette avec les redneck de Delivrance.
Ouais, c’est l’esprit hillbilly.
J’adore. Et mon cheval aussi.
Merci! Salutations à ton cheval.
Merci! Salutations à ton cheval.
Ouais ça le fait bien. Carrément même. Mais ou est ma bouteille de wild turkey????
je savais meme pas que j’aimais ca! vachement bon cow boy!
Magnifique. Une super tenue de route, avec plein de moments sympas (Holly Golightly, Giant Sand en particulier, pour moi…) ça donne des envies de bourbon, alors que je suis au boulot…